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“Devoir de visite” des pères, la proposition de E.Macron : Simplification dangereuse d'un problème complexe ?

“Devoir de visite” des pères,

la proposition de E.Macron :

Simplification dangereuse

d'un problème complexe ?

Dans une récente intervention, le président Emmanuel Macron a mis en avant l'idée d'instaurer un "devoir de visite" pour les pères dans les familles monoparentales.


Selon une vidéo publiée par le magazine "Elle", le chef de l'État a plaidé pour que ce devoir ne cesse pas à la suite d'un divorce ou d'une séparation, soulignant l'importance d'une présence parentale active jusqu'à l'âge adulte des enfants.


Cette proposition, qui entend stimuler un débat sur la parentalité et l'égalité de genre, soulève immédiatement des questions cruciales sur la faisabilité et les impacts potentiels d'une telle mesure sur les dynamiques familiales complexes actuelles.


La nécessité de cette proposition découle d'une observation : dans les familles monoparentales, principalement gérées par des mères, l'absence du père est souvent interprétée comme un abandon affectant négativement le développement de l'enfant.


Emmanuel Macron propose donc que les pères soient plus impliqués, non seulement en rendant les visites régulières obligatoires, mais aussi en participant à des événements importants de la vie de l'enfant, tels que les réunions parents-professeurs.


Cette proposition s'inscrit dans un contexte législatif plus large, avec des propositions similaires déjà en discussion, comme celle du député Thibault Bazin, qui cherche à convertir le droit de visite et d'hébergement en un devoir, avec des sanctions sévères pour non-respect.


Ces développements législatifs visent à encourager une responsabilité partagée et à prévenir le sentiment d'abandon chez l'enfant.


Toutefois, cette approche uniforme ne prend pas en compte la diversité et la complexité des situations familiales.


En posant la question de l'efficacité et de l'équité de cette mesure, cet article vise à explorer les nuances souvent omises dans le débat sur le devoir parental, en mettant en lumière les défis réels que rencontrent les familles monoparentales et en questionnant si la loi peut réellement répondre aux besoins divers de toutes les familles concernées.

Qui est l'autrice de cet article ?

Qui suis-je ?


Sarah, fondatrice de « La Douceur des Hérissons ».


Après un parcours en tant qu'éducatrice spécialisée enrichie par plusieurs formations dont une à l'accompagnement familiale basé sur les neurosciences, j'ai développé une profonde compréhension des dynamiques des familles recomposées.


Mon approche, née de cette expertise et de mon parcours personnel, vise à briser les clichés et à apporter une nouvelle perspective sur le rôle des belles-mères dans la société contemporaine.


Mon projet, « La Douceur des Hérissons », n'est pas seulement une passion mais une mission : transformer la perception de la belle-mère et offrir un soutien concret aux familles recomposées pour qu'elles transforment leurs épreuves en les forces.


Ma démarche se fonde sur une connaissance approfondie des enjeux psychologiques et sociologiques qui influencent les familles aujourd'hui.


Pourquoi cet article ?


La proposition récente d'Emmanuel Macron d'instaurer un "devoir de visite" pour les pères me touche particulièrement. Cette mesure, bien qu'apparemment bien intentionnée, soulève de nombreuses préoccupations quant à son efficacité et sa sécurité, surtout sans une compréhension nuancée des réalités complexes des familles recomposées. En tant que spécialiste de ces dynamiques, je ressent le besoin d'exprimer pourquoi cette proposition pourrait non seulement manquer sa cible, mais également s'avérer dangereuse si elle est mise en œuvre sans un accompagnement adapté et une analyse profonde des situations individuelles.


I. Pourquoi cela peut sembler être une bonne idée ?


Contexte des familles monoparentales


En France, le nombre de familles monoparentales est en augmentation constante, reflétant une transformation significative des structures familiales traditionnelles.


Selon l'Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE), environ 85% de ces familles monoparentales sont dirigées par des femmes.


Ces mères seules font face à des défis considérables, non seulement sur le plan émotionnel mais aussi économique et social.


Elles sont disproportionnellement touchées par la précarité : environ 32% des familles monoparentales vivent sous le seuil de pauvreté, comparé à 13% pour l'ensemble des ménages avec enfants.


Ces statistiques soulignent les difficultés rencontrées par ces femmes pour élever seules leurs enfants, souvent avec des ressources limitées et sans soutien adéquat.


Les plaintes de certains pères


D'un autre côté, il existe des pères qui se sentent marginalisés par le système actuel de garde des enfants.


Ces hommes rapportent souvent des difficultés à maintenir des relations stables et régulières avec leurs enfants après une séparation ou un divorce.


Ils décrivent un sentiment d'exclusion orchestré soit par les décisions judiciaires, soit directement par les actions de certaines mères.


Leur plainte principale est que le système ne favorise pas une véritable équité parentale, les laissant souvent à la périphérie de la vie de leurs enfants.

La pension alimentaire est un aspect crucial des dynamiques familiales post-séparation. Bien que ne pas payer la pension ne soit ni acceptable ni bénéfique, certains pères cessent ces paiements en guise de protestation contre un accès limité à leurs enfants, percevant cela comme leur seul levier disponible.


Par ailleurs, si certaines mères limitent l'accès pour protéger les enfants de la violence ou de la maltraitance, il y a aussi des cas où les pères sont injustement écartés, amplifiant les tensions et les injustices ressenties de part et d'autre.


Ces pères argumentent que les dispositions actuelles autour du droit de visite sont insuffisantes ou inefficacement appliquées, les empêchant de jouer un rôle significatif dans l'éducation et le développement de leurs enfants.


Pour eux, une loi imposant un "devoir de visite" pourrait apparaître comme une solution pour garantir une implication plus équitable et régulière dans la vie de leurs enfants, répondant ainsi à leur désir de parentalité active et responsable.


Justification de la loi envasigée


Face à ces défis, la proposition d'Emmanuel Macron d'introduire un "devoir de visite" pour les pères peut sembler attrayante.


Elle vise à corriger le déséquilibre perçu dans les droits de garde et de visite, en offrant une structure légale qui soutiendrait une participation plus équilibrée des deux parents.


Cette mesure est présentée non seulement comme un moyen de renforcer les liens familiaux, mais aussi comme un pas vers l'égalité des sexes en responsabilisant davantage les pères dans l'éducation des enfants.


Toutefois, la complexité des situations individuelles nécessite une analyse plus profonde pour déterminer si une telle loi serait réellement bénéfique, ou si elle risque d'imposer des normes rigides à des situations qui demandent plutôt flexibilité et discernement.


II. La complexité des dynamiques familiales.


La compréhension actuelle des dynamiques familiales est souvent teintée de simplifications : le père dépeint comme le méchant et la mère comme la victime.

Cette vision stéréotypée ne capture pas la complexité des situations familiales contemporaines, où les rôles et les responsabilités sont divers et variés.


Cette vision binaire a des conséquences graves pour tout le monde ! Mais ce n’est pas le sujet de cet article.


Réflexion sur l'absence paternelle et le bonheur familial

L'assertion selon laquelle un enfant ne peut être pleinement heureux sans la présence de son père (ou de sa mère) mérite une réévaluation profonde.


Dans certains cas, notamment lorsque la présence du père est associée à de la violence, de la négligence, ou de la toxicité, l'absence peut effectivement s'avérer plus bénéfique pour le bien-être et l'équilibre de l'enfant.


De plus, les familles dirigées par des couples homosexuels, qui peuvent être constituées de deux mères ou de deux pères, défient cette conception traditionnelle en fournissant un environnement aimant et stable, où l'absence d'un parent de sexe opposé ne diminue en rien le bonheur et l'épanouissement de l'enfant.


Imposer la présence d'un père par des obligations légales ignore ces nuances et peut, dans certains cas, s'avérer contre-productif.


Plutôt que de légiférer sur la présence physique, il serait plus judicieux de soutenir toutes les configurations familiales dans leur diversité, en promouvant des environnements sécurisants et épanouissants pour les enfants, indépendamment de la structure familiale traditionnelle.


La question de la sécurité et de la violence


Dans certains cas, les décisions des mères de limiter ou interdire l'accès des pères à leurs enfants sont motivées par des craintes de violence, de maltraitance ou même de négligence.


Ces situations nécessitent une évaluation prudente pour préserver la sécurité de l'enfant et de la mère.


Cependant, il est également important de reconnaître que de telles accusations peuvent parfois être utilisées de manière stratégique dans des conflits familiaux sans base réelle de danger.


Ces contextes sont extrêmement complexes et exigent une analyse approfondie pour discerner la vérité et assurer la protection de tous les individus impliqués.


Le cas des mères partante


Des situations existent où ce sont les mères qui décident de partir, laissant les enfants avec leur père.


Ces cas posent la question épineuse : devrait-on également contraindre ces mères à assumer leurs responsabilités parentales ?


Instrumentalisation des enfants


Un sujet particulièrement délicat est celui de l'instrumentalisation des enfants dans les conflits familiaux.

Certains parents utilisent leurs enfants comme des leviers dans leurs disputes.

Pour vous donner quelques exemples, certaines mères peuvent dire à leurs enfants :

"Ton père ne t'aime pas" ou des menaces masquées sont envoyées au père telles que "Si tu ne fais pas ça, je dirai à notre fils que..." ou “ tu ne l’auras pas”.


Certaines disent que le père est absent, alors qu’il est bloqué dans le téléphone, et qu’il n’est consulté sur rien.

Encore une fois l’idée n’est pas de cliver, de blâmer les mères, elles aussi ont besoin d’aide dans ces situations ! Ont-elles vécu une situation similaire dans leur enfance ? Ont-elles des blessures émotionnelles ? Un besoin de soin ?

(et bien sûr que parfois ce sont aussi des pères qui instrumentalisent les enfants)

Ces comportements transforment les enfants en objets de manipulation, créant des cicatrices émotionnelles profondes.

Face à ces manipulations, certains parents, tant hommes que femmes, choisissent de se retirer pour protéger l'enfant des conflits incessants.

Ils expriment alors à leurs enfants leur amour inconditionnel tout en expliquant la nécessité de leur éloignement pour le bien-être de tous.

Certains "abandon" ont pour intention l'amour et la protection.


Cas des mères qui déménagent sans prévenir le père


Dans certaines situations, les mères décident de déménager, sans prévenir les pères et/ou se soucier de l’impact de ce déménagement sur la relation entre le père et l’enfant.

Ces situations ne sont pas rares.

L’idée n’est pas de les blâmer... Encore une fois, j’aimerais sortir des visions binaires gentil/méchant.

Ces déménagements soudains et non concertés par les mères posent des défis considérables pour les pères qui souhaitent maintenir une présence dans la vie de leurs enfants.

Comment suivre les déplacements de la mère, surtout lorsque celle-ci peuvent aussi décider de déménager à nouveau sans consultation, obligeant le père à choisir entre suivre, perdre son travail, son environnement, ou perdre le contact quotidien avec ses enfants ?

Et s’il prend ses dispositions pour suivre, elle peut très bien repartir à nouveau.

Depuis le 1er mars 2021, la Loi sur le divorce a été modifiée. Cette version actuelle de la loi offre une protection aux parents divorcés pour éviter que l’un d’entre eux déménage avec les enfants sans avertir l’autre.


Le parent qui reste peut demander la garde. Cependant, aujourd’hui, il y a encore des situations où ça n’est pas le cas, où la mère part sans prévenir et conserve la garde, le père étant parfois aussi condamné à payer les trajets, c'est la double peine.




Cette complexité des rôles et des interactions au sein des familles modernes illustre pourquoi une approche législative rigide comme le "devoir de visite" peut ne pas être la solution.

Au lieu de cela, une compréhension plus nuancée et des interventions personnalisées semblent nécessaires pour véritablement adresser et soutenir les besoins spécifiques de chaque famille, garantissant ainsi le bien-être de tous les membres, particulièrement des enfants.


III. Et si on s'attaquait aux causes plutôt qu'aux symptômes ?


Dans le débat sur l'obligation parentale, un aspect crucial mérite une attention particulière : le danger inhérent à contraindre quelqu'un à assumer un rôle qu'il n'est pas prêt ou disposé à remplir.


Il est fondamental de reconnaître qu'on ne peut forcer quelqu'un à aimer, ni contraindre une personne à s'occuper adéquatement d'un autre être humain.


Tenter d'imposer l'amour ou le soin par des mesures légales peut non seulement se révéler inefficace, mais aussi potentiellement dangereux.


La violence engendre la violence. Lorsque l'on force un parent à participer à la vie d'un enfant contre sa volonté, cela peut non seulement entraîner du ressentiment ou de la rébellion, mais aussi, dans les pires scénarios, des comportements abusifs ou négligents.


Les enfants sont particulièrement sensibles à ces dynamiques et peuvent percevoir lorsque les interactions ne sont pas fondées sur un véritable engagement affectif, ce qui peut avoir des répercussions à long terme sur leur développement émotionnel et psychologique.


Dans notre société, la figure du "père absent" est souvent citée comme un symptôme alarmant des défis rencontrés par les familles contemporaines.


Ce symptôme, si souvent discuté dans les médias et les débats publics, simplifie parfois à l'extrême la complexité des interactions familiales.


Cette vision binaire et manichéenne cache une multitude de situations bien plus complexes et nuancées.


Traiter ce sujet sans une compréhension profonde de ses multiples facettes peut conduire à des réponses politiques et sociales hâtives et potentiellement dangereuses.


C'est cette réalité qui m'a poussé à écrire aujourd'hui : pour explorer non seulement les manifestations de ce phénomène, mais surtout pour plonger dans les racines sous-jacentes qui conduisent à l'absence parentale.


En nous attaquant aux causes plutôt qu'aux symptômes, nous pouvons envisager des solutions qui soutiennent véritablement les familles dans leur diversité et complexité.


Comprendre les racines de l'abandon parental


L'abandon du rôle parental par les pères peut être motivé par une variété de facteurs complexes et interdépendants.


Les problèmes psychologiques comme la dépression ou l'anxiété, la difficulté à être et se sentir père, les difficultés économiques, ou encore les pressions sociologiques et les stéréotypes de genre peuvent tous contribuer à éloigner un père de ses enfants.


L’instrumentalisation de l’enfant par la mère et les conflits extrêmes peuvent également en être la source. Il existe aussi des situations où la mère dit que le père est absent alors que ça n’est pas le cas et/ou qu'elle a participé à ce retrait (et encore une fois il n'y a pas de jugement, ni de vision binaire de "gentil" et "méchant" à avoir).

Un père peut aussi s’éloigner de son enfant pour le protéger, même si ce cas risque de faire polémique, il n’en est pas moins réel !

Pour répondre efficacement à ces défis, il est essentiel d'adopter une approche holistique qui inclut un soutien psychologique, social, et financier, aidant les pères à surmonter ces obstacles pour renforcer leur rôle dans la famille.


Renforcer le soutien aux mères célibataires


Les mères célibataires rencontrent de nombreux défis qui nécessitent un réseau de soutien robuste et accessible.


Les lacunes dans le système actuel, notamment en matière de soutien financier, d'accès aux soins de santé, de logement abordable, et de services de garde, exacerbent souvent leur situation.


En plus de ces aides structurelles, le soutien émotionnel et communautaire joue un rôle crucial.


Améliorer ces aspects du système d'aide peut alléger significativement la charge portée par ces mères, contribuant à un environnement familial plus stable et enrichissant pour elles et leurs enfants.


En s'attaquant aux causes profondes de ces problématiques familiales plutôt qu'aux symptômes, nous pouvons envisager une société où les besoins des enfants et de leurs parents sont mieux compris et plus efficacement soutenus.


J'en appelle donc au gouvernement :


Pour éviter les conséquences involontaires de lois bien intentionnées mais potentiellement dommageables, il est essentiel d'encourager le dialogue et de consulter des experts en dynamiques familiales.


Avant d'adopter des mesures législatives qui impactent les structures familiales complexes, une compréhension approfondie et une collaboration avec des spécialistes peuvent aider à élaborer des politiques plus efficaces et adaptées aux besoins réels des familles.


Plutôt que d'imposer des obligations qui pourraient ne pas tenir compte des réalités complexes des familles monoparentales, il est crucial de chercher à comprendre pourquoi certains pères se retrouvent absents.


La proposition de "devoir de visite" risque de ne pas adresser les véritables enjeux si elle ne s'accompagne pas d'une réflexion approfondie sur les causes sous-jacentes de cette absence.


Nous devons nous orienter vers une approche qui favorise l'engagement des pères non pas par contrainte, mais par le soutien et la compréhension de leurs difficultés et défis.


En concentrant nos efforts sur les facteurs sociaux, économiques et psychologiques qui influencent la parentalité, nous pouvons mieux aider les pères à remplir leur rôle de manière positive et volontaire.


Seule une stratégie globale qui s'adresse aux racines du problème permettra de soutenir les familles recomposées véritablement et de renforcer les liens entre pères et enfants.


Il est temps de repenser notre approche de la parentalité dans le contexte de la famille moderne, en promouvant des solutions qui respectent et valorisent le rôle de chaque parent et beau-parent (mais ceci est encore un autre sujet).



Sarah De La Douceur Des Hérissons

Sarah,

Spécialiste de la famille recomposée,

© La douceur des herissons – accompagnement familial pour belles-mères en difficulté / familles recomposées


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Merci.

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